CIEL ÉTOILÉ D’ÉTOURNEAUX ENTÊTÉS – Journal de bord 2022

[…] Réminiscences. Souvenirs éclats fragments ressurgissent des pages re/visitées. Je range quelques catalogues et magazines sauvés du passé. Des événements vécus refont aussitôt surface. Arrimés à la mémoire profonde. C’est tout à fait étonnant cette faculté qu’a notre mémoire à se cacher dans les pages conservées. À l’abri du vent et du soleil. Du froid et de la pluie… On croit oublier. Et puis un jour on ouvre un livre un magazine une boîte un tiroir… Et c’est là. Intact. Dans les mouvements de l’air.

au diapason

des couleurs de l’automne

et la route

(au ralenti ?) […]

Jacques Flament Éditions, 2023

EXTRAIT

Mercredi 23 novembre 2022 –

Venim del Nord, venim del Sud de Lluis Llach. Un chant pour nous accompagner dans nos traversées terrestres… Et plus si affinités !

Que fait mon désir d’écrire ?

Je trie/range/écris. Je reçois ma dernière commande passée chez Jacques. Et puis. Prépare une délicieuse salade de riz avec cébette maïs jambon œuf dur. Sans oublier l’indispensable huile d’olive sans laquelle rien n’est possible. J’accompagne ma fille à l’équitation et sur le retour achète des prises multiples et rallonges pour la prochaine visite chez ma petite tante Jeannine. Il y a un choix important de convecteurs électriques. Signe que l’on approche à grands pas de la saison froide malgré le fameux réchauffement climatique. Il faut agir. Et vite. Le rendez-vous avec l’électricien ne sera que dans une semaine. Il ne faut pas que Jeannine ait froid. Nous irons y faire un saut demain.

Jean-Paul va rendre visite à sa maman.

Dans la journée, j’ai cette sensation floue et étrange d’avoir envie de revenir quelques années en arrière. Ce n’est pas de moi mais. Comme une nostalgie des années de jeunesse et des années où les enfants étaient petits. Oui le temps file. Oui notre perception du temps s’accélère. Et pourtant. Le temps est toujours le même. Identique. C’est nous qui filons… Je suis en voiture. Ces réflexions me font penser au film Back to the Future que j’avais étudié en détail avec mon ami Pâris Harnais à la fac de cinéma. Que j’adore d’ailleurs toujours revoir – le film et Pâris également. Avec cette inoubliable séquence de voyage temporel décortiquée plan par plan. Et la DeLorean !

Wilko Johnson est mort le 21 novembre. 75 ans. Paisiblement. Westcliff-on-Sea. Je l’apprends aujourd’hui. Il était le guitariste de Dr Feelgood et ami de Roger Daltrey. Ce que l’on retient. Entre autres choses. Ce que l’on construit à coup de fragments recyclés et nappes embrumées. Pour nos propres histoires de vies. Je revois le clip que j’aime beaucoup où ils sont en duo. Going back home. Je pense aussi à Jonas Mekas. Home.

sous les pavés

un vent de révolte et

nos mots d’amour

Préface de Dominique Sorrente (extraits)

IL Y A TANT À CHAQUE JOUR

Un journal de bord est d’abord une affaire de respiration.
Dans cet exercice, il ne s’agit pas de s’abstraire du tumulte pour faire œuvre d’installation, mais de procéder à des va-et-vient entre le rythme du quotidien et la mise en écriture des instants. Le geste a ceci de précieux pour le lecteur qu’il le conduit à suivre un cheminement fait de notations, de sensations, de pensées qui sont nées dans un calendrier librement traversé.
« La poésie est de la vie interprétée », écrivait jadis Joe Bousquet. […]

La vie, chaplinesque parfois, se faufile partout dans les interstices. Le maître mot est celui de synchronicité, chère à Carl Gustav Jung.

On est au cœur de la quête hybride revendiquée par la poétesse comme une seconde nature de vivre. Quelque chose de trépidant, de gourmand, de sensible, avec le désir chevillé à la plume de graver des instants qui l’ont arrêtée, le temps d’une inscription, pour mieux faire corps avec le mouvement du monde. […]

Suivre ce journal de bord est une leçon de vie intense. Avec ses sautes de forme, ses lâchages, ses vaillances, ses jubilations.
Au jeudi 17 mars, on lit : « Vous reprendrez bien un peu du poil de la bête ?! »

Emmanuelle Sarrouy n’en a pas fini de nous apprendre à jeter à la mer, à temps et à contretemps, des bateaux-poèmes facétieux et aimants. De nous embarquer, pour notre grand plaisir, dans son Ciel étoilé d’étourneaux entêtés.

Actualité bis – Mars 2023

Emmanuelle Sarrouy, poétesse représentée par le Collectif Endogène, vous invite à faire l’expérience d’un voyage où les mots entrent en résonance… Sur les chemins de l’enfance & de l’amour fou, dans l’ivresse & la sincérité du geste.

Elle lira, accompagnée au piano par Agnès Dallemagne Ruffel & à la guitalélé par Nanou Payet.

Deux extraits de PERSIKOV (… le chemin des fleurs) parus dans la revue haïtienne des cultures créoles DO*KRE*I*S .
Un extrait d’ils iront la nuit/marcher sur les toits/et grignoter le ciel édité chez Jacques Flament Éditions.

Participation au chapeau/prix moyen conseillé : 5 €

Cette lecture poésicale est accueillie par le Cercle des Papillons Bleus, dans le cadre de leur salon « Voyage et Poésie sans frontières » organisé pour le Printemps des Poètes sur Peyrolles-en-Provence les 25 et 26 mars 2023.
Renseignements/Cercle des Papillons Bleus : 07 70 39 90 66

Collectif Endogène : http://www.endogene.fr/
Contact : collectif@endogene.fr / 06 11 80 70 68

Actualité – Janvier 2023

✨ « Un nouveau rendez-vous poétique et musical inédit, l’occasion de nous retrouver et partager nos voix poésies chansons et musiques dans un lieu magique » Junie Lavy ✨

🎶 POÉSIES EN SCÈNE 🎶 Une collaboration entre le Scriptorium, Quintet Just Married et Marion Ouazana de l’AKDmia del tango

🎤 Un Cabaret de Mots et de Notes concocté par les poètes du Scriptorium et les musiciens des Endimanchés dans belle salle voûtée de l’AKDmia del Tango suivi d’une scène ouverte au public 💃🏾

📜 Au programme 📜

• 17h00-18h30 : Cabaret de Mots et de Notes partagés, avec les musiciens Les Endimanchés, les poètes Junie Lavy, Olivier Bastide, Henri Perrier Gustin, Emmanuelle Sarrouy accomapgnée à la contrebasse par Patrick Ferné, Daniel Birnbaum, Marc Ross et le groupe de chanson poétique Les Ivres Vivants.

• 18h30-19h30 : Scène ouverte au public (poèmes, chansons, musique). Inscription sur place à l’arrivée.

💶 PAF : 5 €
🍷 Boissons et petite restauration sur place
💃🏾 AKDmia del Tango 3A rue des Héros 13001 Ⓜ️ Réformés
🕟 Ouverture des portes à 16h30

Actualité – Décembre 2022

© Jonas Mekas

https://festivaltouscourts.com/festival-2022/retrospective-expe/

Ce sera le VENDREDI 02 décembre 2022 – 20h
(La Manufacture, salle 1/L’Amphithéâtre)
! Pensez à réserver vos places !
Très émue et honorée de célébrer l’enfance, l’expérimental et le centenaire de Jonas Mekas en ouverture de cette magnifique séance retrospective pour les 40 ans du Festival Tous Courts d’Aix-en-Provence !

AVANT SÉANCE :
L’HOMME QUI SIFFLAIT À LA LUNE
Lecture d’Emmanuelle Sarrouy

Emmanuelle Sarrouy nous propose une lecture de son poème sur les images de « Cassis » de Jonas Mekas.

il était là
depuis toujours
il était là
comme
une éternité


Cet étrange homme lunaire que je croisais tous les étés dans le petit port de Cassis… Et si c’était lui, depuis l’enfance qui m’enveloppait de sa bienveillance ?

***   ***   ***

Emmanuelle Sarrouy offers us a reading of her poem on the images of « Cassis » by Jonas Mekas.

“he was there/always there/he was there/like/an eternity”

This strange lunar man I met every summer in the little port of Cassis… What if it was him, since childhood, who enveloped me with his benevolence ?


Emmanuelle Sarrouy, poète protéiforme, artiste hybride, vidéaste expérimentale, pratique le métissage des genres et des supports.
emmanuellesarrouy.com

© Jonas Mekas

Actualité – Juillet 2022

Réservez votre soirée, vendredi 22 juillet 2022 !

En écho au Festival Voix Vives de Sète… Nous vous invitons à faire l’expérience d’un voyage où les mots entrent en résonances…
Chez Ben&Rem (ACA Benrem Perso), merveilleuse maison d’hôte sur Éguilles (13), douceur estivale garantie !
Nous y célébrerons l’amour encore et toujours ! 
 
Lecture suivie d’une présentation/dédicace des livres/textes :
Séisme(s) édité chez L’atnoir
ils iront la nuit/marcher sur les toits/et grignoter le ciel édité chez Jacques Flament éditions
Si seulement Alice… paru dans la revue haïtienne des cultures créoles Do*Kre*I*S 

Paroles d’amour à consommer sans modération…
Au plaisir de vous y retrouver !

« La poésie, cet espace de liberté absolue, peut ce que nous ne pouvons pas. » E.S.

Actualité – Juin 2022

Dimanche 26 juin, 15h, Marseille… À l’initiative de Nicolas Rouzet, poète, et de Marion Ouazana de l’AKDmia del Tango… Nous lirons poésies musicales en musicalités poétiques des extraits de nos dernières parutions… Pour ma part, je vous présenterai, accompagnée à la contrebasse par Patrick Ferné, « ils iront la nuit/marcher sur les toits/et grignoter le ciel » paru en décembre dernier chez Jacques Flament Éditions. Joie. Et plaisir de vous y retrouver !!!

ILS IRONT LA NUIT/MARCHER SUR LES TOITS/ET GRINGNOTER LE CIEL

« Entre eux et autour d’eux
Étincelles de bonheur
Comme la rosée du matin
Furtives et éphémères »

« Ce texte est né d’une liberté absolue d’amour et de désir.
Poème rebelle,inaliénable, l’amour fou -car il est toujours fou l’amour- brandi comme flambeau dans l’obscurité des jours actuels. Emportement des sens en énergie de vie qui s’invente et se réinvente à l’infini. Passage vers la lumière, ivresse des jours naissants. Il s’agit alors d’étreindre le monde, le prendre à bras-le-corps, lui faire l’amour, et pousser avec lui comme poussent les fleurs sauvages. »
Emmanuelle Sarrouy

Jacques Flament Éditions, 2021

EXTRAIT

La lune et les étoiles
Pour bercer leurs rêves
Toujours (plus fort)

Un peu plus tard parce qu’il aime la musique des poètes amoureux il dit :
Je rêve que je dors

Parce qu’elle aime se promener dans les rêves amoureux elle lui répond :
Je suis dans ma grotte comme
Dans ton rêve

Parce qu’écrire et rêver est peut-être la même chose
Parce que les grottes et les hôtels sont leurs refuges d’écrivains amoureux
Parce que les hôtels et les grottes sont des passages secrets
Vers ces galaxies insoupçonnées/merveilleuses
Qu’ils ont bien l’intention d’explorer

L’idée naît de la phrase comme le rêve dévie selon les poses d’un dormeur qui se retourne (c’est Cocteau qui cette fois s’était invité)

Elle lui parle du Potomak de Cocteau
Il lui apprend que le Potomac est un fleuve
Qu’avait un jour aimé traverser Kerouac
Avant de rentrer sur Lowell
Sa ville natale

Et voilà que Cocteau rencontre Kerouac
Sur les bords du Potoma/c/k

Une lettre les sépare
Un fleuve les relie
L’écriture les emporte
En phonétique ils se retrouvent
Comme un rendez-vous depuis longtemps pris

Comme quoi
Le Potoma/c/k
Ça crée des liens
(un fluide magique ?/une rivière électrique ?)

C’était arrivé comme ça
Comme une évidence
À la frontière des idées révélées

C’était un peu leur rivière
Leur lieu de rendez-vous
Leur croisée des chemins

LE CŒUR EN SUSPENSION

à toi qui m’entends murmurer

comme une envie de crier
au-delà de l’absence
un chant

Éditions Furtives, 2019 (N°50)

EXTRAIT

et le monde tout autour
enflammé
en révolte
qui hurle
sa révolte
et moi je ne sais pas
comment faire
ça
comment te dire
ça
sans respirer
les mouvements contraires
sans respirer
et le souffle arrêté
sans respirer
et le corps saturé
sans respirer
et les âmes blessées
sans respirer
et les coeurs transpercés
sans respirer
et la force des marées
sans respirer

SÉISME(S)- livre

Il y a dix ans, le 12 janvier 2010, un puissant séisme dévastait Port-au-Prince (Haïti) et faisait disparaître les premiers enfants (Nashka et Yves-Nelson) que nous étions en train d’adopter… Ce séisme nous rapprochait également paradoxalement de nos enfants (Medjina et Joëlsonne), que nous sommes allés chercher le 23 décembre de la même année… Ce séisme dévastatueurconsolidait étrangement nos liens avec cet immense petit pays qui peine à se reconstruire…

Dans les jours qui ont suivi, je me suis aussitôt lancée dans l’écriture de ce texte…

Haïti, 12 janvier 2010. Écrire depuis le tremblement de terre, comme une évidence. La rencontre avec un pays, un peuple, une histoire. Collisions. Au travers de l’aventure tumultueuse et merveilleuse de l’adoption. Ayiti chérie. Un chant s’élève. Au-delà des frontières. Parce que nos enfants sont tombés et qu’il va falloir ensemble se relever. Pour raconter l’histoire. Notre histoire. 

Publié en 2011 aux Éditions Thélès
(avec la collaboration du Conseil Général 13)
Séisme(s) est réédité chez L’atinoir Éditions, en 2019 :

Le livre parle de l’expérience du séisme, vécu dans l’éloignement des enfants que l’on vient de rencontrer quelques mois auparavant. Si loin si proches.

C’est également une histoire de rencontre, une histoire d’amour avec un pays, un peuple, et des enfants formidables. Cette puissante histoire d’amour que nous, parents adoptants, vivons avec ce pays.
Exacerbée depuis le 12 janvier 2010.

Haïti, le pays de naissance de nos enfants, et notre pays d’adoption.

C’est ensuite un témoignage sur l’aventure de l’adoption, ce long parcours semé d’embûches plus ou moins prévisibles…

couverture © Hélène Bez – 2011

Préface de Rodney Saint-Éloi :

« Le livre Séisme(s) a une histoire particulière. Il prend son sens dans une double relation : le deuil d’une mère ayant perdu ses enfants, Yves Nelson et Naschka, au cours du séisme. Et la relation d’Haïti au monde. Car la mère qui pleure ses enfants est d’une autre terre. D’une autre culture. Mais son cri dépasse les frontières géographiques et raciales pour faire écho jusqu’à nous.

Quel bonheur d’occasion que ce livre qui raconte avec élégance une mère qui espère prendre dans ses bras ses enfants, qui les a perdus et qui les a retrouvés, car Emmanuelle Sarrouy-Noguès a refusé la fatalité et a opté pour la vie en rencontrant deux autres enfants Joëlsonne et Medjina qu’elle borde les soirs de pleine lune en leur chantant une berceuse haïtienne : dodo titit, dodo titit. Les premiers enfants ne sont plus, mais la berceuse nous rappelle que la vie est toujours un chant merveilleux. Cette berceuse, je l’entends encore. Elle me fait rêver à un pays beau, avec des enfants qui grandissent comme le maïs, et qui rient comme la mer quand elle est folle, la mer. C’est Mahmoud Darwish qui nous le dit :

« Quels que soient nos différends nous saurons
Que le bonheur est possible tel un séisme. »