Il y a dix ans, le 12 janvier 2010, un puissant séisme dévastait Port-au-Prince (Haïti) et faisait disparaître les premiers enfants (Nashka et Yves-Nelson) que nous étions en train d’adopter… Ce séisme nous rapprochait également paradoxalement de nos enfants (Medjina et Joëlsonne), que nous sommes allés chercher le 23 décembre de la même année… Ce séisme dévastatueurconsolidait étrangement nos liens avec cet immense petit pays qui peine à se reconstruire…
Dans les jours qui ont suivi, je me suis aussitôt lancée dans l’écriture de ce texte…
Haïti, 12 janvier 2010. Écrire depuis le tremblement de terre, comme une évidence. La rencontre avec un pays, un peuple, une histoire. Collisions. Au travers de l’aventure tumultueuse et merveilleuse de l’adoption. Ayiti chérie. Un chant s’élève. Au-delà des frontières. Parce que nos enfants sont tombés et qu’il va falloir ensemble se relever. Pour raconter l’histoire. Notre histoire.
Publié en 2011 aux Éditions Thélès
(avec la collaboration du Conseil Général 13)
Séisme(s) est réédité chez L’atinoir Éditions, en 2019 :
Le livre parle de l’expérience du séisme, vécu dans l’éloignement des enfants que l’on vient de rencontrer quelques mois auparavant. Si loin si proches.
C’est également une histoire de rencontre, une histoire d’amour avec un pays, un peuple, et des enfants formidables. Cette puissante histoire d’amour que nous, parents adoptants, vivons avec ce pays.
Exacerbée depuis le 12 janvier 2010.
Haïti, le pays de naissance de nos enfants, et notre pays d’adoption.
C’est ensuite un témoignage sur l’aventure de l’adoption, ce long parcours semé d’embûches plus ou moins prévisibles…
Préface de Rodney Saint-Éloi :
« Le livre Séisme(s) a une histoire particulière. Il prend son sens dans une double relation : le deuil d’une mère ayant perdu ses enfants, Yves Nelson et Naschka, au cours du séisme. Et la relation d’Haïti au monde. Car la mère qui pleure ses enfants est d’une autre terre. D’une autre culture. Mais son cri dépasse les frontières géographiques et raciales pour faire écho jusqu’à nous.
Quel bonheur d’occasion que ce livre qui raconte avec élégance une mère qui espère prendre dans ses bras ses enfants, qui les a perdus et qui les a retrouvés, car Emmanuelle Sarrouy-Noguès a refusé la fatalité et a opté pour la vie en rencontrant deux autres enfants Joëlsonne et Medjina qu’elle borde les soirs de pleine lune en leur chantant une berceuse haïtienne : dodo titit, dodo titit. Les premiers enfants ne sont plus, mais la berceuse nous rappelle que la vie est toujours un chant merveilleux. Cette berceuse, je l’entends encore. Elle me fait rêver à un pays beau, avec des enfants qui grandissent comme le maïs, et qui rient comme la mer quand elle est folle, la mer. C’est Mahmoud Darwish qui nous le dit :
« Quels que soient nos différends nous saurons
Que le bonheur est possible tel un séisme. »