







Suppléments d’âmes est une œuvre qui de façon très contemporaine allie plusieurs disciplines artistiques : la littérature, la danse et l’art vidéo. C’est d’abord un texte évoquant comment un corps peut porter et revendiquer une idée et la sublimer. Ensuite, c’est par la danse que cette idée est incarnée : dans la pénombre, une danseuse qui n’est visible que par la projection vidéo d’images sur son corps. Des images de tracés lumineux qui virevoltent pour dessiner sa silhouette en mouvement. Et créer une vision poétique et magique.
Exposer, projeter, c’est mettre en avant, jeter avec force au devant de soi. Mettre en action, en mouvement dans un espace/temps qui devient « autre » et permet par sa transformation d' »envisager autrement ». Le portrait et ses multiples facettes, comme une performance de nos miroirs intimes pour dire le monde autrement. Il y a cette idée que nous poursuivons, chacun à notre manière, de creuser, chercher dans le mouvement, les corps, la matière et la lumière notre part d’humanité (en perpétuel devenir). Résistante, persistante, brillante.
« L’émotion créatrice qui soulevait ces âmes privilégiées,
et qui était un débordement de vitalité, s’est répandue autour d’elles :
enthousiastes, elles rayonnaient un enthousiasme
qui ne s’est jamais complètement éteint et qui peut toujours retrouver sa flamme. »
Henri Bergson in « Les Deux Sources de la morale et de la religion », 1932
Supplements of souls is a work which in a very contemporary way allies several artistic disciplines : the literature, the dance and the video art. It is at first a text evoking how a body can carry and claim an idea and sublimate it. Then, it is by the dance that this idea is embodied : in the half-shade, a dancer who is visible only by the video projection of images on her body. Images of bright rays of light which spin to draw her silhouette in movement. And create a poetic and magic vision.
To expose, intend, it is to put forward, to throw with strength to the front of oneself. Put into action, in movement in a space/time which becomes « other » and allows by its processing » to consider differently « . The portrait and its multiple facets, as a performance of our intimate mirrors to say the world differently.
There is this idea which we pursue, each in our own way, to dig, to look in the movement, the bodies, the matter and the light our part of humanity (in perpetual a becoming). Resistant, persistent, brilliant.
« The creative emotion which raised these privileged souls, and which was an overflowing of vitality, spread around them : Enthusiasts, them shone an enthusiasm which went out never completely and which can always find its flame. »
Henri Bergson in « Both Sources of the morality and the religion », 1932
Experimental / Performance, 20′
Mise en scène : Jean-Paul Noguès‚
Chorégraphie et danse : Emilie Garetier‚
Vidéo projetée sur corps, texte et animation lettrage : Emmanuelle Sarrouy
Directeur de la photographie : Jérôme Olivier
Ingénieur du son : Frédéric Salles
Création 2014 @ Collectif Endogène

« Poème en hommage au poète et cinéaste Jonas Mekas… L’un de mes grands inspirateurs » Emmanuelle Sarrouy

EXTRAIT
il n’avait nulle part où aller
il inventa
le monde
« si seulement… » est une expression de l’enfance
elle ouvre les portes et le chemin des possibles
dans mon texte Alice a la peau marron
elle s’envole
elle rêve
et nous invite à
envisager le monde
autrement
« Mais alors, dit Alice, si le monde n’a absolument aucun sens qui nous empêche d’en inventer un ? » Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles
lecture musicale, 20 min
Autrice, lectrice : Emmanuelle Sarrouy
Guitare, création musicale : Frédéric Salles
Création 2017 @ Collectif Endogène

Lecure accompagnée d’Haïkus désaccordés
Haïkus concoctés par Emmanuelle Sarrouy sur petits papiers éphémères… imprimés sur papier buvard, lus et distribués au cours de la soirée…
(adaptable selon l’événement)
leur chant encore
dans l’impermanence des choses
je l’entends
EXTRAIT
« La petite fille aux mèches hirsutes et au cheveu crépu après s’être dans les villes pour un temps perdue, London, Mexico, Port-au-Prince, Acapulco, serait allée dans la vaste forêt de nuages se ressourcer. Au pays où les roseaux dansent et où les herbes s’affolent. Là, tout près de trois coquelicots abandonnés et de quelques fougères ombragées, elle aurait sans aucun doute croisé la route d’un fennec solitaire qui avait fait le choix de s’exiler. À l’abri des regards indiscrets. Ils auraient passé la nuit auprès d’un feu qu’ils auraient joyeusement allumé aidés par quelques lucioles endiablées. Ils auraient longuement discuté à propos des peuples de leurs déplacements et de leurs quêtes d’identité. À propos du temps de toute éternité, à propos de lumière et d’obscurité, à propos de leur amour commun pour les palétuviers. Rouges, noirs ou mordorés. Et de quelques fantastiques orchidées.
Si seulement Alice savait nager…
Sur un nénuphar argenté la grenouille métissée lui chantait son air préféré. »

Séisme(s), long poème du tremblement, accompagné à la guitare par Frédéric Salles. Un déchirement de douleur, un chant d’amour, un cri de colère… résonne dans l’espace sonore créé par une guitare aux rythmes tendres et métissés.
lecture musicale, trois formats : 60 min / 40 min / 20 min
Autrice, lectrice : Emmanuelle Sarrouy
Guitare, création musicale : Frédéric Salles
Création 2013 @ Collectif Endogène

EXTRAIT
Je m’arrache les cheveux un par un ou par petites poignées derrière la tête les cheveux au niveau de la nuque petit à petit petits bouts de cheveux bien tirés à la racine et méticuleusement je m’efforce de les arracher. Et puis au bout d’un moment il y a un trou même si on sent aussi au bout de quelques jours une petite tonsure agréable au toucher un peu rappeuse mais agréable à tâter sous le bout des doigts il y a un trou. Un trou que je sens du bout des phalanges mais qui ne se voit pas car il est caché par les autres cheveux ceux du dessus ceux plus longs qui cachent le trou. Alors il faut s’arrêter et attendre pour combler le trou. Mais si je m’arrache les cheveux c’est justement en attendant pour combler le vide de l’attente pour penser à autre chose pour faire quelque chose qui me permette de penser à autre chose. Et pour combler le vide je me fais un trou derrière la tête. En attendant des jours meilleurs, en attendant que les larmes sèches, en attendant que le soleil se lève. Je concentre tout le vide derrière ma tête. Toujours il faut attendre, attendre que ça passe, attendre nos enfants, attendre des nouvelles, attendre une réponse. Attendre. Ça en devient insupportable toute cette attente tout ce temps à attendre. Insupportable. Alors on recommence à s’arracher les cheveux de plus belle et le trou devient bien lisse plus aucun cheveux sur cette petite surface de crâne tellement lisse qu’il en devient effrayant à caresser et le trou s’agrandit vertigineusement ne faisant que dévoiler de plus en plus le vide que je m’efforçais à combler en m’arrachant les cheveux.
De la dérive des continents
À la dérive des sentiments
Fulgurance de l’éclair